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Le livre, cet ami oublié

A quelques jours d’intervalle des Journées cinématographiques de Carthage, les Tunisiens s’apprêtent à prendre d’assaut, dès aujourd’hui, les stands de la 36e édition de la Foire du livre.

C’est incontestablement la « fête de livre », cet ami oublié pourtant par nos concitoyens tout au long de l’année. Bien que le marché du papier connaisse depuis un bon moment une flambée des prix qui ont augmenté de près de 60% rien qu’en 2021, portant ainsi un sacré coup au secteur de l’édition en Tunisie, les auteurs font preuve d’un combat inlassable pour continuer à écrire pour des fantômes.

C’est que l’origine du mal réside non pas dans l’édition mais beaucoup plus dans la lecture. En effet, les chiffres à ce niveau sont alarmants et brossent un tableau noir sur l’état de la lecture en Tunisie. Il faut signaler d’abord que 50% des Tunisiens effectuent leurs achats en livres lors de ce salon. Et que la dernière enquête qui remonte à 2010 affirmait que 23% des Tunisiens avouent n’avoir jamais lu un livre.

D’ailleurs, le budget consacré par les amis du livre à l’achat des bouquins qui ne dépasse pas 30 DT par an en dit long sur l’état de la lecture dans le pays. Pis encore, 18% des personnes interrogées déclarent carrément ne pas aimer les livres.

D’autres évoquent le manque de temps (57%) et seuls 8% évoquent le prix des livres comme frein à la lecture. Le comble c’est que près de 85% de ceux qui ont abandonné la lecture l’ont fait avant l’âge de 25 ans. Donc à l’âge où ils s’apprêtent à s’engager dans le milieu professionnel et de devenir parents. Evidemment, ils ne pourront jamais transmettre à leur progéniture la passion du livre. Pourtant, le plus grand personnage qui, depuis plusieurs millénaires, fait parler de lui dans le monde, tour à tour géant ou pygmée, orgueilleux ou modeste, entreprenant ou timide, sachant prendre toutes les formes et tous les rôles, capable d’éclairer ou de pervertir les esprits, d’émouvoir les passions ou de les apaiser, artisan de factions ou conciliateur des partis, véritable protée qu’aucune définition ne peut saisir, c’est LE LIVRE. Au grand dam des Tunisiens, ce bel ami est relégué aux oubliettes

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